#7 Happy House Farm – Around the world
Asia is here ! Cinq mois exactement après avoir quitté la France, nous nous envolons pour les Philippines. Notre dernier mois en Amérique Latine aura été des plus sportif. Nous poursuivons notre odyssée volcanique – dans notre dernier article nous venions de monter les volcans Maderas et Concepción de l’île Ometepe – avec le volcan le plus actif et le plus fumant du pays : Telica. Il paraît qu’on peut apercevoir des fragments de lave en fusion au fond du cratère en s’y rendant de nuit. Nous choisissons donc de planter la tente à son pied, en dépit des quelques jaillissements de rocs ayant secoués le volcan les jours précédents - même pas peur. Choux blanc : la fumée et les gaz s’échappant du volcan nous empêchent de voir quoi que ce soi.
Les pompier à l'assaut du Telica
Nous quittons donc la ville de León avec un sentiment d’inachevé, pour nous frotter au canyon de Somoto, au nord du pays. Une succession de sauts plus dangereux les uns que les autres nous y attend. Nous garderons en mémoire le superbe plat de huit mètres de hauteur de Tanguy – aïe – alors qu’Yvan tutoie les cieux avec un saut d’une quinzaine de mètres. Heureusement qu’Élise est là pour l’encourager et lui donner confiance… Nous continuons également à polir nos talents de surfeurs sur les plages de Las Peñitas et de Popoyo sur la côte pacifique. Kelly Slater n’a qu’à bien se tenir.
Plongée dans le canyon de Somoto
Surf au couchant à Las Peñitas
Nous revenons ensuite passer quelques jours au Rancho Canarias pour dire au revoir à Juan, avant de partir prendre notre avion à Mexico DF. C’est sans pression que nous traversons le Honduras, le Salvador et le Guatemala et arrivons à bon port. Nous y retrouvons Arnaud, un ami d’HEC. Une première pour nous : nous assistons à la Lucha Libre, une démonstration déjantée de catch entrecoupée de bières et de tacos. Une semaine s’écoule et vient le temps de changer de continent : nous faisons escale à Vancouver et Séoul avant d’arriver, enfin, à Manilles. Nous décidons de filer directement à la campagne pour nous remettre au vert. Il est temps.
Lucha Libre !
Bienvenue dans la Happy House Farm ! La ferme où nous travaillons est située sur la côte occidentale de Luzon, l’île principale du pays. Notre premier contact est enthousiasmant. On ne vous cache pas que apprécions grandement de quitter la rudesse des nicaraguayens pour trouver le sourire des philippins. David, Carol et leur petite fille Kyra sont nos hôtes. Ils ont déjà accueilli plus de 600 volontaires chez eux ! Un va-et-vient de personnes rythme notre séjour. Une première pour nous, qui n’avions jusqu’ici pas travaillé en compagnie d’autres volontaires.
Lever du soleil sur Crocodile Hills
Coucher ardent en mer
Ici, le climat est rude. La saison des pluies – et des typhons – s’étend usuellement de fin mai à août. C’est cependant fin juin que les pluies de la saison précédente ont commencé à tomber. Alors qu’un soleil de plomb s’abat continuellement sur la ferme, David nous rappelle que le manque d’eau est un problème constant, sinon le problème majeur ralentissant la croissance de son exploitation. Pour y palier, il a mis en place un système de récolte et d’enrichissement en nutriments de l’eau. Un réservoir d’eau et un bassin de poissons collectent l’eau durant la saison des pluies. L’eau à la surface du bassin, riche en bactéries, est ensuite mélangée avec de la bouse de vache, l’urine de David – « don’t loose your piss ! » - et des algues récoltées à la plage. Nous passons une demi-journée à barboter le long de la plage voisine – à une heure de marche tout de même – pour pêcher les algues que la mer daigne nous amener : un travail de longue haleine, peu productif, mais nécessaire au bon fonctionnement du système de David. Les algues doivent ensuite être lavées puis séchées afin d’en extraire le sel. David nous montre que seul un travail de précision, au cœur d’un processus réfléchi, lui permet de vivre sous un climat aussi hostile. Le mélange produit, très riche en nutriments, est ensuite utilisé pour arroser les plantes.
Travelling Fishers
La pêche est bonne !
C’est la première fois que nous travaillons dans une ferme avec un bassin de poisson. Le bassin a seulement quelques mois, et doit permettre de récolter plus d’eau durant la saison des pluies. Les poissons enrichissent l’eau du bassin et l’assiette des volontaires. Pour entretenir l’eau David a mis en place un système de filtration. L’eau est pompée et passe successivement dans des bassins. Le premier bassin est rempli d’algues microscopiques qui fixent l’azote contenu dans l’air ; le volume d’algues double quotidiennement et sert à nourrir les poissons. Les deux bassins suivants sont remplis d’un mélange des algues susmentionnées et des lentilles d’eau. Les lentilles d’eau absorbent l’ammoniac contenu dans l’eau ; le processus chimique produit alors des nitrates. Les deux derniers bassins sont remplis de nénuphars qui absorbent l’ammoniac et les nitrates, et filtrent les particules physiques de l’eau qui est ensuite rejetée dans le bassin. En agriculture, tout est affaire de chimie et de physique. De fortes connaissances dans ces domaines – nous conseillons aux intéressés de lire La vie à la campagne de John Seymour – ainsi que des expérimentations successives sont nécessaires pour adapter les principes de la permaculture à son terrain et à son climat.
Le bassin aux poissons
Le système de filtration
À l'arrosage !
La saison sèche est également la saison du Soil Management. Pas d’inquiétudes, ce n’est pas une nouvelle matière enseignée en école de commerce. La terre étant sèche, nous pouvons aménager le terrain pour préparer la saison des pluies, et embellir les infrastructures que David souhaite mettre en place. Qui a dit qu’agriculture et esthétique ne pouvaient se marier ? La Happy House Farm a vocation à être un lieu de production agricole et un lieu de vie pour les touristes et la communauté locale. Armés de nos pelles, pioches, marteaux et râteaux, nous avons appris à faire et à utiliser du ciment (pour les bassins de filtration), aplanir un terrain, et façonner des escaliers et des chemins. Avis aux entreprises de construction. Nous avons volontairement choisi de ne pas nous étendre sur le train-train agricole quotidien auquel nous avions déjà eu affaire (entretien des divers des légumes et des fruits) : nous ne voudrions SURTOUT PAS vous ennuyer
Retour en enfance, les mains dans la boue
La maisonnette que nous avons aménagée pour accueillir plus de volontaires
Les rencontres que nous avons faites et les échanges que nous avons eus dans la ferme nous ont marqué. Nous n’oublierons pas de sitôt l’exubérance de David, les petits plats de Carol, la voix magnifique de Johanna, le coup de pelle redoutable de Maria, le sourire d’Ariel et le calme de Jordan.
C’est non sans tristesse que nous les avons quitté, pour nous diriger vers les terrasses de riz de Batad, que nous avons parcouru durant deux jours au cours d’un trek boueux, épuisant et somptueux. Nous sommes ensuite allés à Baler, l’un de premiers spots de surf du pays (la fameuse scène de surf d’Apocalypse Now y aurait été tournée). Nous y avons rencontré par hasard Germain et Sébastien, deux amis d’HEC. Nous sommes partis surfer ensemble les tubes de Cemento Beach avec les locaux. Nous sommes ensuite partis explorer les fonds marins de Coron et d’El Nido sur l’île de Palawan. Le paradis sur terre.
Buena onda à Baler
Les terrasses de riz de Banaue
Exploration de la faune marine de Coron
Gang de bikers en vue
Mars et ses giboulées
Nous partons demain pour Bangkok, où quelques amis nous rejoignent pour voyager pendant un mois à travers la Thaïlande, le Laos et le Vietnam. Un bien fou pour nous qui ne les avons pas vu depuis 6 mois maintenant !