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#21 - Adieu Nouvelle-Zélande, tes vaches vont nous manquer !

  • Photo du rédacteur: Tanguy Joannot
    Tanguy Joannot
  • 28 juin 2015
  • 6 min de lecture

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Jules et ses dames

Cette semaine, nous avons continué d’assister Simon dans son travail quotidien autour du troupeau de 250 vaches, et préparé l’arrivée des 250 veaux qui a commencé cette nuit avec une première naissance ! Malheureusement, nous devons déjà quitter Simon et Liz alors que la période de vêlage – mois le plus dur de l’année pour un éleveur - commence à peine.

Liz et Simon, la trentaine tous les deux et chez qui nous avons travaillé ces deux dernières semaines ne correspondent pas du tout à l’image que l’on se fait d’un couple de fermier. Liz est architecte en semaine, et Simon diplômé en marketing et informatique. Mais en 2008, quand Simon arrive sur le marché de l’emploi en pleine crise économique, il comprend vite que reprendre une des fermes que sa famille exploite depuis des générations serait une voie plus sûre en attendant que le contexte s’embellisse. Après six ans à la ferme, il ne se voit plus retourner à un travail de bureau : avoir ses propres horaires, être son propre patron et organiser son travail comme il veut, voilà ce qu’il aime ici.

Loin de correspondre au cliché – erroné – que l’on peut avoir du fermier, Simon nous ressemble beaucoup : comme les jeunes parisiens il s’informe en lisant Vice sur internet et regarde chaque épisode de Games of Thrones.

Le WE dernier, Simon et Liz sont partis pour un WE de quatre jours, nous laissant gérer la ferme et le troupeau en autonomie (presque) totale. Ce que nous ignorions, c’est que ce séjour sur l’île du sud était prévu de longue date par Simon qui a demandé en mariage sa désormais fiancée au sommet d’une montagne enneigée sur Te Wai Pounamu, l’île septentrionale de Nouvelle-Zélande.

Et elle a dit … oui !

Cette absence a été pour nous l’occasion de nous frotter aux lourdes responsabilités qu’impliquent la gestion d’un troupeau. Même si un champ de quelques hectares peut paraître grand à un œil citadin, 250 animaux de trois cent kilos chacun ont vite fait de manger tout ce qui peut l’être. Toute les douze heures maximum il faut donc – qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il grêle ou qu’il neige – les changer d’emplacement. L’opération prend à chaque fois une bonne heure, sans compter le temps à consacrer parfois aux animaux blessés : hanche bloquée, sabots abimés… En plus de cette migration pendulaire, il faut emmener le troupeau à la station d’alimentation chaque matin, et là encore l’opération prend une bonne heure : préparer la nourriture grâce au tracteur puis guider le troupeau. Mais tu sais déjà tout ça grâce à notre vidéo de la semaine dernière !

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Nous avons également continué un travail de longue haleine, commencé par Simon il y a déjà six ans : nettoyer la ferme de tout ce que les précédents exploitants ont pu laisser dans les champs (bouts de clôture rouillés et/ou barbelée, pièce de tôle, câbles électriques…) En effet, si cette ferme appartient depuis longtemps à la famille de Simon, elle a été durant des années exploitée par des contractants agricoles, ce qui se fait beaucoup en Nouvelle-Zélande. Selon un contrat typiquement local dit de « Share Milker », les bénéfices sont répartis à 50-50 entre le propriétaire de la ferme qui apporte le matériel et l’exploitant qui possède les vaches. Concrètement, cette vaste entreprise de nettoyage qui nous a pris du temps consiste à passer au peigne fin chaque champ afin d’en retirer tout ce qui pourrait blesser le troupeau.

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La beauté des champs une fois nettoyés

En revanche, comme le vêlage commence bientôt, nous avons passé une bonne partie de la semaine à préparer l’arrivée de cette véritable armée de veaux. Liz et Simon ont été très clairs avec nous : quand il y en a un c’est mignon, mais quand il en naît vingt par jour, la perception qu’on en a est très, très différente. Et à chaque repas cette semaine, Simon se resservait en expliquant qu’il faut bien faire des réserves pour tenir face au marathon qui l’attend. Gourmandise ou vraie nécessité, nous ne resterons malheureusement pas assez longtemps pour en avoir le cœur net…

Si ce mois est compliqué à gérer pour le couple, c’est qu’il demande de l’organisation : Liz doit même aider chaque soir trois heures en revenant de son travail en ville ! En effet, chaque matin et chaque soir il faut séparer les (nou)veaux venus de leur mère, les rassembler dans une étable prévue à cet effet et leur apprendre à se nourrir au plus vite. Ensuite, il faut en permanence modifier la répartition des vaches entre celles qui n’ont pas encore mis bas, celle qui ont mis bas depuis moins de quatre jours, et celle qui ont mis bas depuis plus de quatre jours.

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Telle mère telle fille

« Pourquoi cette notion de quatre jours ? » t’entendons-nous dire devant ton écran d’ordinateur quand bien même nous sommes à des milliers de kilomètres de toi.

Nous l’ignorions aussi, mais dans les quatre jours suivant la naissance de son veau, une génisse donne un lait appelé colostrum, dont la composition est spécifique et qui ne peut pas être commercialisé avec le lait « normal » car il ne répond pas aux mêmes critères de qualité. De couleur jaunâtre, il est très riche en protéine et en anticorps mais extrêmement pauvre en sucre. Pendant cette courte période, les vaches sont donc traites, mais leur lait ne va pas dans les cuves générales, il sera donné aux chiens ou jeté.

Imagine donc que deux fois par jour ces trois troupeaux de vaches sont comme des vases communiquant qu’il s’agit de faire bien communiquer, qu’il faut identifier et déplacer certaines vaches et pas d’autres. Et avec le comportement extrêmement grégaire de ces animaux, toute sélection d’un seul individu est une mission qui demande un vrai savoir-faire. Pendant ce « mois le plus long de l’année », il faut également refaire toutes les manipulations pour nourrir trois troupeaux et plus un seul. Ca serait trop facile sinon!

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Bref, si le calendrier nous l’avait permis, nous aurions aimé donner un coup de main pendant les deux prochaines semaines, histoire de voir que les traders ne sont pas les seuls à faire des nocturnes, et de faire quelques heures sup à la lumière de la lune de Nouvelle-Zélande.

Simon nous a également emmené pratiquer le passe-temps favori des fermiers kiwis: chasser l’opossum. Ces petits marsupiaux de la taille d’un gros lapin, introduits dans le pays pour leur fourrure n’ont aucun prédateur et font des dégâts considérables sur la faune et la flore des deux îles. Leur chasse est donc encouragée, et se pratique de nuit, armé d’un fusil et d’une lampe puissante pour repérer leurs yeux jaunes qui reflètent la lumière depuis la cime des arbres. Leur fourrure est ensuite vendue pour faire des vêtements tandis que leur viande fera le délice de Mojo, Buddy et Roxy les trois chiens de la ferme.

Bilan de cette nuit de chasse : Humains : 13 – Opossums : 0.

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Une soirée normale en Nouvelle-Zélande

Enfin, et comme toujours cette année, nous avons continué à bien manger. Comme on te l’expliquait dans un article précédent, les kiwis sont fans de la viande « home-killed ». C’est donc avec plaisir qu’il nous est arrivé d’ouvrir le soir un carton de plusieurs kilos de viande portant la mention « T-Bone Steaks 2014 », issue d’une vache ayant vécu et été abattue sur la ferme. Quoi de meilleur avec des pommes de terre et des patates douces au four ?

Ce n’est qu’en quittant la ferme ce matin que nous nous sommes rendus compte que nous en sortions pour la première fois. Pendant dix-huit jours, donc, nous nous sommes satisfaits de cette vie isolée de tout, sans ressentir un besoin urgent d’un retour au monde urbain. Du travail physique en pleine air, un livre et trois compagnons : que demander de plus?

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Après 153 jours d’aventures fermières et à mi-parcours de notre année de découverte du monde agricole, nous avons décidé de prendre deux semaines chacun de notre côté en Asie du Sud-Est. Pour profiter des vacances d’été, et voir chacun de son côté les ami(e)s qui nous sont chers. Mais ne t’en fait pas, nous revenons avec un article dans trois semaines depuis la Birmanie.

Et on peut déjà te dire que le programme s’annonce corsé !

A dans trois semaines, donc, pour de nouvelles aventures.

 
 
 

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