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#6 - Changement de vie à Culiacan

Notre nouvelle famille au Mexique

Après avoir refait nos sacs, nous sommes donc partis d’Isla Verde pour rejoindre la petite ville de Young dans le nord de l’Uruguay. Avant de décoller pour le Mexique, nous avions en effet prévu de rendre visite à l’antenne uruguayenne de notre sponsor principal, CLAAS, située à 400km de notre ferme.

Les 200 premiers kilomètres de stop se passent parfaitement, et nous faisons des rencontres imprévues !

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Jules, un mate à la main, pour le 1er stop de la journée

Un homme d’une quarantaine d’années et mieux habillé que la moyenne nous prend par exemple dans sa voiture. Au détour de la conversation, nous apprenons que notre conducteur est avocat et qu’il est attendu pour une audience importante à 50km de là … dans 10 minutes. Il a néanmoins le temps de prendre des selfies avec nous et nous explique que de toute façon l’audience ne peux pas commencer sans lui. Logique implacable. Après un mois à travailler avec des allemands, nous comprenons que la ponctualité n’est pas aussi primordiale pour les Uruguayens.

Nous sommes aussi pris en stop par un camion-benne qui nous dit de monter et de nous installer dans la benne vide. Après avoir jeté nos sacs à l’intérieur, nous sommes encore en train d’escalader quand le camion démarre. Le bonheur.

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Dans la benne du camion

A mi-chemin, la chaleur au bord de la route est impressionnante et nous décidons de finir le trajet en bus. Nous prenant pour des vagabonds, le chauffeur hésite à nous faire monter, mais son attitude change à la vue de nos billets. Sur le chemin, nous nous faisons une idée de ce qu’est l’Uruguay : un pays très peu dense où l’on trouve du soja, des vaches et des eucalyptus. Les Uruguayens, eux, nous semblent tous très détendus, pacifiques et fiers de leur pays, surtout quand il s’agit de le comparer au voisin argentin.

Arrivés à Young, dans la soirée, nous rencontrons Werner, qui dirige CLAAS Uruguay ainsi que ses collaborateurs. Werner nous conduit chez lui, une belle maison au milieu des champs de soja, de sorgho et de maïs, où nous passons la nuit. Il possède et exploite 17ha de terres, comme tous les autres descendants d'allemands qui habitent dans les environs. Arrivés après la guerre, ils se sont regroupés en véritables communautés agricoles. Sorte de petits états dans l'Etat, chacune possède son église, son école, et parfois son hopital financé par un impôt communautaire. Grâce à leur travail et à l'entraide, ce sont aujourd'hui des micro sociétés prospèrent qui emploient beaucoup d'ouvriers agricoles.

Cette soirée chez Werner est l’occasion pour nous de déguster notre premier vrai « asado ». Entourés de locaux, dégustant une viande d’une tendresse infinie, à Young, ville de 15000 habitants du Nord de l’Uruguay, nous nous regardons heureux : jusqu’ici ce voyage nous fait vivre des aventures peu ordinaires et assez formidables.

Le lendemain, nous prenons la voiture pour aller voir de plus près la coupe du sorgho par une ensileuse CLAAS. Des camions-bennes se relaient au flanc de la machine et rapportent l’ensilage dans un champ proche où il sera compacté et placé sous des bâches blanches. Ainsi stocké, le sorgho pourra fermenter et sera ensuite utilisée comme alimentation pour des vaches laitières.

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L'équipe de CLAAS Uruguay

Nous déjeunons ensuite avec Werner et ses collègues alors que la pluie se met à tomber. Notre projet de rentrer en stop se complique. Aucun des nombreux camions qui circulent en direction de Montevideo n’accepte de nous prendre : les compagnies de fret qui emploient les routiers leurs interdisent de prendre des stoppeurs. Nous nous résolvons à prendre le bus, mais en allant tirer de l’argent, Jules tente le tout pour le tout et déniche sur une station essence un pick-up qui va à Montevideo. Ni une, ni deux, nous jetons nos gros sacs à dos dans la benne malgré la pluie et nous montons pour quatre heures de route avec Matthias, 25 ans. Ce trajet est l’occasion pour nous de discuter avec lui : il est mécanicien et répare des grues pour faire vivre sa femme et sa fille de 6 ans qui habitent à Montevideo. Il nous raconte à quel point il souhaiterait voyager, partir à l’aventure comme nous avons la chance de pouvoir le faire. Mais faute d’argent, de temps et d’énergie, il lui est de plus en plus difficile d’imaginer pouvoir s’échapper de son quotidien. Là encore, nous prenons conscience du privilège que nous avons de pouvoir voyager ainsi.

Nous dormons quelques heures comme des rois dans le McDonald’s de l’aéroport avant d’enchaîner trois avions qui nous mènent au Mexique.

Ce n’est pas à Cancun que nous allons passer le prochain mois, mais dans l’état du Sinaloa, tristement connu pour le cartel de drogue qui porte son nom. Nous ne savons donc pas à quoi nous attendre en arrivant à l’aéroport de Culiacan où nous attend Carlos Sr. Mais il nous rassure très vite : « Avec moi et sous mon toit, vous ne craignez rien. Si on ne met pas le nez dans les affaires des narcos, alors tout se passe bien. »

Carlos Sr est le père de Carlos Jr, un ami que Tristan s’est fait quand il était en échange en Chine. Il nous fait sentir très à l’aise et met tout de suite un point d’honneur à ce que nous découvrions la culture mexicaine en profondeur, et notamment que nous goûtions à tous les plats typiques du Mexique.

Nous découvrons stupéfaits sa superbe maison située dans un fractionamiento (équivalent local des gated communities) où se trouvent notamment une immense piscine et un terrain de tennis. Nous rencontrons sa femme et sa fille, qui s’appellent toutes les deux Alejandra. (Comme tu l’as compris, il est ici de coutume de donner aux enfants le prénom de leurs parents, de génération en génération).

C’est donc ici que nous allons résider lors des prochaines semaines.

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La famille Gastelum - Gomez lors du banquet dominical

Mais qu’en est-il des Travelling Farmers, te demandes-tu ?

Si nous avons choisi le Sinaloa, c’est pour étudier sur le terrain l’état le plus agricole du Mexique. Chaque jour, ce sont des centaines de camions qui remontent vers le nord depuis la région et approvisionnent l’ensemble de la côte ouest américaine en céréales et en légumes frais.

Cependant, pas de ferme comme on l’entend en France dans le Sinaloa. L’agriculture y est organisée de façon presque féodale : ce sont 52 familles richissimes qui détiennent des entreprises agricoles gigantesques – imagine une petite ville à chaque fois - employant à chaque fois des centaines de petites-mains, et entrainant toute l’économie de la région. Ces structures sont très fermées, et nous avons la chance de pouvoir bénéficier des contacts de Carlos Sr, qui connaît beaucoup de monde dans la région.

Dès lundi nous nous rendons dans une de ces exploitations. Ce sera l’occasion de découvrir le point de départ de produits qui se retrouvent en quelques heures sur les marchés des Etats-Unis. Seul bémol lié à la sécurité de la région, nous ne pourrons pas travailler à proprement parler.

C’est en effet plus en tant qu’observateurs privilégiés que nous sommes attendus.

Nous gardons en permanence en tête les 4 objectifs que nous nous sommes fixés au début de ce projet : aller à la rencontre de nouvelles cultures partout dans le monde, comprendre d’où vient ce qui arrive dans nos assiettes tous les jours en travaillant dans les champs, prendre du temps pour réfléchir plus personnellement à ce que nous voulons faire de notre vie, et tenir au courant ceux que cela intéresse de tout ce que nous découvrons.

Ici, le 2ème semble mis de côté : nous allons comprendre beaucoup sur le monde agricole, mais nous ne travaillerons pas en tant que tel. Nous avons cependant vraiment la sensation d’être au cœur de l’équilibre agricole de l’Amérique du nord. Bref, on verra bien ce qui nous attend dans ces immenses exploitations la semaine prochaine.

Et bien entendu, tu seras le premier à être tenu au courant !

A dimanche prochain !

Travelling Farmers

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