#5 – Toutes les bonnes choses ont une fin : notre dernière semaine en Uruguay.
Fin d'une première belle aventure !
Alors que la fin de cette 1ère étape uruguayenne approche à grands pas, nous aimerions plus te parler des motivations qui ont poussé Fred et Uta – chez qui nous travaillons depuis un mois - à changer de vie pour s’installer en Uruguay et y lancer une exploitation agricole. Comme tu l'as compris dans nos articles précédents, la ferme d’Isla Verde n’aurait jamais vu le jour sans ces deux personnages impressionnants par leur force de caractère, leur détermination, et la passion qu’ils mettent dans leur quotidien.
Nés en Allemagne de l’Est à la fin des années 1960, ils étaient jeunes et plein d’espoirs au moment de la chute du mur, mais ces espoirs ont rapidement laissé place à une désillusion. Ce monde occidental ne leur convenait pas. Devoir rentrer dans ce qu’ils appellent « la matrice », se mettre au service d’une société individualiste et sans conscience, cela n’était pas pour eux.
Plus particulièrement un point leur semblait inacceptable : le mode production alimentaire de cette société. Bien sûr, il n’y a rien de plus rentable qu’une monoculture immense accompagnée de quantités astronomiques d’engrais. Mais cela n’est pas sans conséquences. Pour la planète, d’abord : les sols s’appauvrissent, se détériorent, et dans 50 ans il sera - selon eux - impossible de nourrir les 10 milliards que nous serons. Et pour le corps, ensuite : nous ignorons à quel point notre corps souffre de ces produits contre-nature que nous consommons tous les jours. Voilà en tout cas le constat de Fred et Uta, celui qui les a poussés à agir et à créer leur jardin d’Eden.
Contrairement à beaucoup de gens, Fred et Uta ont donc choisi leur style de vie. Que l’on conteste ou non leur idéal, leur mérite est indéniable: ils vivent une vie cohérente avec leurs idées et créent le monde qu’ils espèrent, sans se plaindre ou attendre que d’autres le fassent à leur place.
A 6h45 du matin, les yeux encore plein de sommeil, il nous est arrivé de voir Fred commencer sa journée par regarder ses champs en criant « Vamos a cambiar el mundo ! » (Allons changer le monde). Entre ça et ceux qui se plaignent du mauvais temps ou du métro qui est tombé en panne sur le chemin du boulot, notre cœur n’hésite pas longtemps !
En résumé Fred et Uta savent pourquoi ils se lèvent chaque matin. Est-ce une force qui leur est propre ou bien un trait de caractère que nous retrouverons chez beaucoup d’agriculteurs ? Nous aurons la réponse tout au long du voyage.
Vivre avec eux nous a beaucoup appris sur les bases de l’agriculture, mais aussi sur les possibilités insoupçonnées qui peuvent résider en quelques individus motivés et organisés.
Fred et Uta
Pour la première fois de notre courte vie, nous avons abordé le travail dans cette ferme par des tâches concrètes. Au fur et à mesure des jours, de nouvelles tâches nous étaient confiées, mais nous n’avons jamais eu de vision globale de la gestion de cette ferme. Cela peut paraître un point négatif, mais c’est pour nous une découverte : par nos études de futurs managers, nous avons l’habitude d’appréhender les organisations de façon globale et parfois déconnectée de leur activité concrète.
Si nous étions venus ici seulement en tant qu’étudiants d’HEC, nous aurions pris les chiffres suivants : kilos de chaque sorte de fruits récoltés l’an dernier et nombre d’heures travaillé par type d’arbre fruitier l’an dernier. Avec ces données et en quelques minutes grâce à notre meilleur ami Excel, nous aurions pu sortir un classement des sortes d’arbres fruitiers les plus rentables en termes de temps investit par kilo de fruits. Nous aurions finalement conseillé à Fred de se concentrer sur une seule sorte d’arbre, afin de maximiser son profit l’an prochain avant de repartir de la ferme après une demie journée, un sourire de pinçon sur les lèvres et l’impression trompeuse du devoir accompli.
Sans pour autant nier l’intérêt de telles réflexions, nous sommes heureux d’avoir pu nous enlever tous les raisonnements de ce type de la tête pendant ce mois, et d’avoir simplement travaillé avec nos mains. Nous ne révolutionnons rien ici, et nous nous contentons d’apprendre quelques gestes simples qui permettent de comprendre en vérité le quotidien de cette ferme.
Comme expliqué dans nos articles précédents, nous nous sommes donc contentés d’un travail assez répétitif dans cette 1ère ferme: peu de tâches à répéter très régulièrement.
On t’a par exemple parlé de l’arrosage des arbres fruitiers. C’est un petit mot en 8 lettres que tu as dû lire en une demi-seconde. Mais pour nous pendant un mois, ça a représenté plusieurs heures de travail, plusieurs jours par semaine. Et pour Fred, le total doit être impressionnant ! Heureusement, le cadre étant magnifique, on a réussi à s’y faire.
Une petite vidéo prise depuis le vieux moulin de la ferme pour vous en donner un aperçu :
Voilà, notre premier mois a été incroyable. Comme on l’espérait … mais en mieux ! L’Uruguay étant connu pour son rythme de vie tranquille et sa viande sans pareil, on s’est donc logiquement levé tous les jours avant 7h et on n’a pas vu l’ombre d’un steak pendant trois semaines.
Plus sérieusement, on a appris à conduire un tracteur et un tractopelle, planter des tomates, tailler des acacias, des pins et des oliviers, récolter des figues, des pommes, des prunes, des pastèques, des melons, des concombres, arracher des mauvaises herbes … On a beau avoir beaucoup travaillé en prépa, on avait pas fiché ces chapitres là !
Notre prochaine étape est à découvrir dans la courte vidéo ci-dessous !
A dimanche prochain depuis le Mexique !